Les Malédictions 2 - 45 histoires relatives au Démon des Campagnes by Claude Seignolle

Les Malédictions 2 - 45 histoires relatives au Démon des Campagnes by Claude Seignolle

Auteur:Claude Seignolle [Seignolle,Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
ISBN: 2-85940-805-3
Éditeur: Phébus libretto
Publié: 2017-12-09T00:00:00+00:00


Le père Glaude, jardinier au château de Coulondelles, avait les rondeurs et la douceur d’aspect d’un saint pour demoiselle en besoin de mari, un de ceux à qui on commande en toute confiance une vie d’amour conjugal sans nuage.

C’est dire qu’avec la générosité peinte sur son large visage plein, et ses cinquante bedonnantes années, Glaude était la bonté même, offerte à qui en voulait. Et ce n’est pas pour le flatter, car il accomplissait réellement des prodiges.

Le Glaude était une sorte de magicien campagnard, d’une classe à part, et point un de ces communs ramoneurs de mauvaise santé, guérisseurs à procédés faciles comme il s’en trouve un peu partout, dans chaque recoin de village : marmonneurs de secrets, dénoueurs de méchants coups, rebouteurs, serre-cul et autres toucheurs. Non, il possédait de naissance et par héritage – puisque avant lui un de ses ancêtres sur trois l’avait acquis depuis belle lurette – un don qui ne se ramassait pas aux carrefours : il était doué du pouvoir de « dormir les maux ».

Ainsi, votre poitrine en sueur ayant pompé comme une éponge le froid coulis d’entre chien et loup, là-bas, dans le vallon de la rivière, un « chaud-froid » vous appuyait ses gros pouces dans les poumons au point de les sentir à chaque respirée. À ça, que faire ? Deux remèdes : ou se coucher sous triple couverture et boire un litre de cidre chaud vaillamment sucré, afin de suer le mal, sans être sûr de guérir tout de suite et en perdant du temps au lit ; ou ne point se coucher du tout, aller trouver le père Glaude penché sur ses fleurs et lui demander guérison comme un inestimable service.

Tortillant posément les poils de son étroite moustache déjà blanchette qui lui faisait un œillet sous les narines, il écoutait gravement le bruit de votre souffle, humait la suée de vos tempes et, enfin, palpait sous la chemise, là où la congestion triturait.

— T’as très mal ? s’enquérait-il alors, un rien circonspect.

Là, c’était le grand moment du mensonge : il fallait taire la souffrance, même si elle vous coulait des yeux, car le Glaude, en vieillissant, refusait de « dormir » les douleurs.

Autrefois, il avait dormi des coliques de plomb parce qu’alors ses boyaux étaient semblables aux tubulures de cuivre d’un alambic et capables de changer en eau le feu des coliques ; mais, avec le temps, à force de résister aux chocs des maux reçus, ses rouages d’homme s’étaient affaiblis : plus de barre de fer en guise d’os, de cuir aux articulations, ni d’alcool à la place du sang.

Aussi y allait-il maintenant d’un suspicieux : « T’as très mal, très mal ? » qui vous forçait à jouer l’hypocrite afin de le rassurer et de le décider.

— C’est pas qu’ j’ai mal, mais ça m’ gêne pour lever les bras.

Et le Glaude de marcher encore un coup, pas tout à fait dupe, mais avec l’espoir d’un mensonge pas trop gros. Puis, une « peumonie » de



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